Mes cher(e) amis, mes cher(e) camarades,
Nous voilà donc réuni pour fêter,
ensemble, autour d’un verre le 40ème anniversaire du syndicalisme
bétorien.
En propos liminaire, je voudrais d’abord
saluer le travail qui a été fait par Armelle sur les archives et qui nous a
permis de reconstituer l’histoire du syndicat et de réaliser l’expo ainsi que
le dossier. Je remercie également l’ensemble des camarades qui l’ont accueilli
et ont comblé par leur mémoire les trous des archives.
Le Betor, c’est d’abord en 1963,
trois intuitions géniales :
ü
Concevoir les bureaux d’études et organismes de réalisation
comme ayant une personnalité propre différente de celle des fédérations
ouvrières. (je cite) « c’est bien à la croissance d’une nouvelle activité
économique que nous assistons »
ü
Refuser la segmentation « cadres » /
« Employés » / « techniciens » ce qui conduit à organiser
dans le même syndicat, dans les mêmes sections d’entreprise l’ensemble du salariat.
Cela a conduit, dès l’origine à une double affiliation fédérale. Vu
d’aujourd’hui cela peut sembler naturel, mais l’insistance jusqu’en 1968, dans
la littérature externe comme interne, de l’avantage de syndiquer ensemble les
différentes catégories doit plutôt montrer que les résistances devaient être
fortes.
ü
Considérer (et je cite encore) « la fédération des
employés comme une fédération de rattachement d’activités économiques : la
fédération du secteur tertiaire ». Ce constat conduira le Betor a être en
1965 l’un des syndicats fondateur de la Fédération des Services.
Bien entendu tout cela a été
intellectuellement préparé par le débat sur les Fédérations d’Industries et sur
l’évolution de la CFTC.
De 1964 à 1967 le Betor connaît
une très lente progression. Ce qui l’accapare c’est la négociation de la
convention collective, avec le regret d’être peu soutenu, la mise en place
d’accords d’entreprise, les conflits de frontières permanents avec les
fédérations d’industrie (chimie, bâtiment, métallurgie). Il faudra au Betor un
coup de force à la veille du congrès fédéral de 1968 pour obtenir le soutien
réel de la fédération (Il retire à une semaine du congrès la candidature du
futur président de la fédération).
De 1968 nous garderons un bilan en
demi-teinte :
Sur le plan interne le Betor a
bien tenu, sans crise, cette tempête. Le discours est invariant durant toute
cette année. Le Betor progresse de 160 % en un an et les effectifs restent
durablement au-dessus de niveau atteint ce qui montre la capacité des
animateurs à absorber et à structurer cette progression. A cette occasion, la
sociologie du syndicat est bouleversée puisque le secteur public et para-public
devient minoritaire.
Sur le plan externe, il y a un
vrai échec à capitaliser en obtenant une convention collective. « La
chambre patronale n’a manifestement pas senti l’importance des actions qui ont
eu lieu dans les bureaux d’études ». Dit autrement le patronat a refusé de
céder et le Betor n’a pas été en mesure de le contraindre.
Fin 1973, le Betor est
dénationalisé. C’est à la fois l’aboutissement et le point de départ de la
crise du syndicat.
Aboutissement d’une crise démarrée
avec la démission en 1970 du dirigeant historique du Betor, Palierne. En gros
et pour faire vite, le débat oppose les spontanéistes qui voient le syndicat
comme « une coordination des luttes » et ceux qui veulent construire
un syndicalisme « comme force collective d’action et de décision ».
L’idée spontanéiste est dominante dans le tissu militant. Elle conduit à
l’affaiblissement de l’organisation et à une crise qui démarre en 1972, pour
aboutir en fin d’année à une demande par des militants de province de se
retirer du Betor. 2 AG en 1973 conduiront au forceps à la dénationalisation.
La dénationalisation porte en elle
les germes de la crise à venir.
A court terme, elle a un effet
bénéfique : en recentrant les moyens sur l’Ile de France, elle autorise la
poursuite de la progression puis l’intégration du Syndicat National de la
Publicité au Betor début 1975.
Pourtant la rupture s’opère dès
1974, et outre l’expression d’une opposition politique, un climat de défiance
s’instaure progressivement avec la fédération comme avec la confédération.
Symboliquement cela se traduit par le refus de participer à l’aventure des
Assises pour le Socialisme.
Malgré une apparence d’unité
interne lors des congrès de 1976 et 1977, la désyndicalisation frappe durement
le Betor Pub puisque c’est au total 84 % des effectifs qui s’évaporent et un
champ de syndicalisation qui se rétréci avec le départ du secteur de la
formation.
Il est difficile de faire la part
entre les causes externes (la désyndicalisation touche globalement l’ensemble
de la CFDT) et les causes internes (la chute fut nettement plus forte au Betor
Pub qu’ailleurs). Pourtant, parmi les causes internes, il est indéniable que le
bouleversement sociologique entraîné par les changements incessants de
frontières entre 1974 et 1978, doublé d’un renouvellement des animateurs du
syndicat n’ont certainement assuré la stabilité nécessaire.
En 1986, au sortir de l’épisode de
l’ « Alternative Syndicale », le Betor est exsangue
structurellement, financièrement et politiquement. Les permanents politiques et
administratifs ont été licenciés, le « matelas du Betor » est un
souvenir, le paiement des factures se fait après le passage de l’huissier. La
menace d’une mise sous tutelle est omniprésente, la défiance à l’égard de la
fédération quotidien. Dans ce contexte, il me faut saluer, les camarades, généralement
retraités, qui ont, bénévolement, permis le maintien de l’organisation, ont été
la caution morale de son indépendance politique et qui ont, par leur présence,
permis de redémarrer la structuration du syndicat.
Quelques dates marquent le retour à
la normale :
1990 : la barre des 300
adhérents est franchie
1991 : le Betor Pub revient
dans les instances fédérales
1993 : l’AG vote une motion
pour expérimenter un regroupement national commun aux équipes SAE
1995 : le conflit des
frontières avec les fédérations d’industrie datant des années 60 est tranché
par le BNC en faveur du Betor.
1996 : la barre des 1000
adhérents est franchie
2003 : franchissement de la
barre des 4000 adhérents.
De ces 40 ans d’histoire, qui
brossé rapidement peuvent paraître chaotique, je retiendrai pourtant quelques
constantes :
ü
La fluidité des frontières : si la définition théorique
du champ est constante, Bureaux d’Etudes dans les années 60 puis services aux
entreprises depuis les années 70, sa réalité est variable selon les périodes et
le poids relatif des différentes branches du syndicat très changeant.
Syndiquant, pour faire vite, les secteurs neufs de l’économie, cette situation
n’est étonnante, mais elle est source de tensions permanentes.
ü
La légitimité du secteur et du syndicat dans l’organisation
est souvent questionnée. C’est la conséquence de la fluidité des frontières,
c’est aussi le corollaire de l’illégitimité de l’activité de service dans une
organisation dont l’histoire se veut ouvrière.
ü
La préoccupation du
développement syndical est constante dans les phases critiques du Betor. La
fusion avec la pub en 1975 se fait sur un projet très concret de développement.
Dans toute la phase précédent 1968 le développement du syndicat est une
préoccupation importante, et depuis 1990, le syndicat s’inscrit dans les plans
de développement.
ü
De part la structure des entreprises du champ, le Betor a du
faire face à la question des adhérents isolés et de leur place dans le
syndicat. Avant 1968, les collectifs professionnels avaient en partie pour but
de les structurer. En 1977 la question de la représentation des isolés au
Conseil du Syndicat est posée. En 1975, lors de l’intégration de la pub, il est
décidé d’associer les isolés au développement.
ü
En ce qui concerne le mandatement, les animateurs du
syndicat n’ont fait que reprendre avec l’ARTT et l’Epargne salariale ce que nos
prédécesseurs avait fait suite aux ordonnances sur la participation.
ü
La structuration autour de collectif professionnel a été
présente dès 1963. Elle continue de s’affirmer au long de l’histoire du
syndicat. Certains secteur s’en saisiront plus que d’autre. Elle sera encore
plus systématisé avec le retour du développement.
Mes cher(e)s ami(e)s, et cher(e)s
camarades,
Le Betor Pub n’a pas la tradition
des pots, alors je vous propose (sans avoir consulté le trésorier) un
rendez-vous pour nos prochaines 40 000 cotisations quand nous franchirons les
80 000 cotis’. Nous connaissons désormais notre rythme de progression, ce sera
dans 10 ans si la CFDT retrouve sa capacité d’attraction et si les frontières
du Betor Pub ne sont pas trop bouleversées, dans le cas contraire ce sera dans
40 ans…
40 ans sur le site du
Betor Pub
(mise à jour 01/12/2003)
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