12 octobre 2003 !

Album

 

 

Mes cher(e) amis, mes cher(e) camarades,

 

Nous voilà donc réuni pour fêter, ensemble, autour d’un verre le 40ème anniversaire du syndicalisme bétorien.

 

En propos liminaire, je voudrais d’abord saluer le travail qui a été fait par Armelle sur les archives et qui nous a permis de reconstituer l’histoire du syndicat et de réaliser l’expo ainsi que le dossier. Je remercie également l’ensemble des camarades qui l’ont accueilli et ont comblé par leur mémoire les trous des archives.

 

Le Betor, c’est d’abord en 1963, trois intuitions géniales :

 

ü      Concevoir les bureaux d’études et organismes de réalisation comme ayant une personnalité propre différente de celle des fédérations ouvrières. (je cite) « c’est bien à la croissance d’une nouvelle activité économique que nous assistons »

ü      Refuser la segmentation « cadres » / « Employés » / « techniciens » ce qui conduit à organiser dans le même syndicat, dans les mêmes sections d’entreprise l’ensemble du salariat. Cela a conduit, dès l’origine à une double affiliation fédérale. Vu d’aujourd’hui cela peut sembler naturel, mais l’insistance jusqu’en 1968, dans la littérature externe comme interne, de l’avantage de syndiquer ensemble les différentes catégories doit plutôt montrer que les résistances devaient être fortes.

ü      Considérer (et je cite encore) « la fédération des employés comme une fédération de rattachement d’activités économiques : la fédération du secteur tertiaire ». Ce constat conduira le Betor a être en 1965 l’un des syndicats fondateur de la Fédération des Services.

 

Bien entendu tout cela a été intellectuellement préparé par le débat sur les Fédérations d’Industries et sur l’évolution de la CFTC.

 

De 1964 à 1967 le Betor connaît une très lente progression. Ce qui l’accapare c’est la négociation de la convention collective, avec le regret d’être peu soutenu, la mise en place d’accords d’entreprise, les conflits de frontières permanents avec les fédérations d’industrie (chimie, bâtiment, métallurgie). Il faudra au Betor un coup de force à la veille du congrès fédéral de 1968 pour obtenir le soutien réel de la fédération (Il retire à une semaine du congrès la candidature du futur président de la fédération).

 

De 1968 nous garderons un bilan en demi-teinte :

 

Sur le plan interne le Betor a bien tenu, sans crise, cette tempête. Le discours est invariant durant toute cette année. Le Betor progresse de 160 % en un an et les effectifs restent durablement au-dessus de niveau atteint ce qui montre la capacité des animateurs à absorber et à structurer cette progression. A cette occasion, la sociologie du syndicat est bouleversée puisque le secteur public et para-public devient minoritaire.

 

Sur le plan externe, il y a un vrai échec à capitaliser en obtenant une convention collective. « La chambre patronale n’a manifestement pas senti l’importance des actions qui ont eu lieu dans les bureaux d’études ». Dit autrement le patronat a refusé de céder et le Betor n’a pas été en mesure de le contraindre.

 

Fin 1973, le Betor est dénationalisé. C’est à la fois l’aboutissement et le point de départ de la crise du syndicat.

 

Aboutissement d’une crise démarrée avec la démission en 1970 du dirigeant historique du Betor, Palierne. En gros et pour faire vite, le débat oppose les spontanéistes qui voient le syndicat comme « une coordination des luttes » et ceux qui veulent construire un syndicalisme « comme force collective d’action et de décision ». L’idée spontanéiste est dominante dans le tissu militant. Elle conduit à l’affaiblissement de l’organisation et à une crise qui démarre en 1972, pour aboutir en fin d’année à une demande par des militants de province de se retirer du Betor. 2 AG en 1973 conduiront au forceps à la dénationalisation.

 

La dénationalisation porte en elle les germes de la crise à venir.

 

A court terme, elle a un effet bénéfique : en recentrant les moyens sur l’Ile de France, elle autorise la poursuite de la progression puis l’intégration du Syndicat National de la Publicité au Betor début 1975.

 

Pourtant la rupture s’opère dès 1974, et outre l’expression d’une opposition politique, un climat de défiance s’instaure progressivement avec la fédération comme avec la confédération. Symboliquement cela se traduit par le refus de participer à l’aventure des Assises pour le Socialisme.

 

Malgré une apparence d’unité interne lors des congrès de 1976 et 1977, la désyndicalisation frappe durement le Betor Pub puisque c’est au total 84 % des effectifs qui s’évaporent et un champ de syndicalisation qui se rétréci avec le départ du secteur de la formation.

 

Il est difficile de faire la part entre les causes externes (la désyndicalisation touche globalement l’ensemble de la CFDT) et les causes internes (la chute fut nettement plus forte au Betor Pub qu’ailleurs). Pourtant, parmi les causes internes, il est indéniable que le bouleversement sociologique entraîné par les changements incessants de frontières entre 1974 et 1978, doublé d’un renouvellement des animateurs du syndicat n’ont certainement assuré la stabilité nécessaire.

 

En 1986, au sortir de l’épisode de l’ « Alternative Syndicale », le Betor est exsangue structurellement, financièrement et politiquement. Les permanents politiques et administratifs ont été licenciés, le « matelas du Betor » est un souvenir, le paiement des factures se fait après le passage de l’huissier. La menace d’une mise sous tutelle est omniprésente, la défiance à l’égard de la fédération quotidien. Dans ce contexte, il me faut saluer, les camarades, généralement retraités, qui ont, bénévolement, permis le maintien de l’organisation, ont été la caution morale de son indépendance politique et qui ont, par leur présence, permis de redémarrer la structuration du syndicat.

 

Quelques dates marquent le retour à la normale :

 

1990 : la barre des 300 adhérents est franchie

 

1991 : le Betor Pub revient dans les instances fédérales

 

1993 : l’AG vote une motion pour expérimenter un regroupement national commun aux équipes SAE

 

1995 : le conflit des frontières avec les fédérations d’industrie datant des années 60 est tranché par le BNC en faveur du Betor.

 

1996 : la barre des 1000 adhérents est franchie

 

2003 : franchissement de la barre des 4000 adhérents.

 

De ces 40 ans d’histoire, qui brossé rapidement peuvent paraître chaotique, je retiendrai pourtant quelques constantes :

 

ü      La fluidité des frontières : si la définition théorique du champ est constante, Bureaux d’Etudes dans les années 60 puis services aux entreprises depuis les années 70, sa réalité est variable selon les périodes et le poids relatif des différentes branches du syndicat très changeant. Syndiquant, pour faire vite, les secteurs neufs de l’économie, cette situation n’est étonnante, mais elle est source de tensions permanentes.

ü      La légitimité du secteur et du syndicat dans l’organisation est souvent questionnée. C’est la conséquence de la fluidité des frontières, c’est aussi le corollaire de l’illégitimité de l’activité de service dans une organisation dont l’histoire se veut ouvrière.

ü      La préoccupation  du développement syndical est constante dans les phases critiques du Betor. La fusion avec la pub en 1975 se fait sur un projet très concret de développement. Dans toute la phase précédent 1968 le développement du syndicat est une préoccupation importante, et depuis 1990, le syndicat s’inscrit dans les plans de développement.

ü      De part la structure des entreprises du champ, le Betor a du faire face à la question des adhérents isolés et de leur place dans le syndicat. Avant 1968, les collectifs professionnels avaient en partie pour but de les structurer. En 1977 la question de la représentation des isolés au Conseil du Syndicat est posée. En 1975, lors de l’intégration de la pub, il est décidé d’associer les isolés au développement.

ü      En ce qui concerne le mandatement, les animateurs du syndicat n’ont fait que reprendre avec l’ARTT et l’Epargne salariale ce que nos prédécesseurs avait fait suite aux ordonnances sur la participation.

ü      La structuration autour de collectif professionnel a été présente dès 1963. Elle continue de s’affirmer au long de l’histoire du syndicat. Certains secteur s’en saisiront plus que d’autre. Elle sera encore plus systématisé avec le retour du développement.

 

 

Mes cher(e)s ami(e)s, et cher(e)s camarades,

 

Le Betor Pub n’a pas la tradition des pots, alors je vous propose (sans avoir consulté le trésorier) un rendez-vous pour nos prochaines 40 000 cotisations quand nous franchirons les 80 000 cotis’. Nous connaissons désormais notre rythme de progression, ce sera dans 10 ans si la CFDT retrouve sa capacité d’attraction et si les frontières du Betor Pub ne sont pas trop bouleversées, dans le cas contraire ce sera dans 40 ans…

 

 

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* 40 ans sur le site du Betor Pub

 

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carte.htm

album.htm


 

 

(mise à jour 01/12/2003)

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