Le second en moins de 18 mois
Bientôt vingt-ans
que Simulog est née ! Pour être un pont entre la recherche (Inria) et
l’industrie. Pour concevoir, développer des logiciels et des services de
simulation d’événements continus et discrets.
Après quelques tribulations – recapitalisations, changements de
stratégie, de directions, filialisations d’activités logicielles, tentatives de
fusion qui ont échoué, fusion avec Espri Concept en 1999 (Simulog passe de 100
à 200 salariés et ajoute à son offre des services dans le domaine de la gestion
technique de données et d'intégration des technologies internet), changement de
code NAF – la voilà confrontée aux événements du 11 septembre 2001. L’événement tombé à pic pour nombre de chefs
d’entreprise !
En décembre 2001,
le comité d’entreprise est convoqué pour une réunion extraordinaire par son
président pour un motif de réorganisation et de plan social. (quelque temps auparavant, le comité avait
d’ailleurs lancé un droit d’alerte interne).
Notre président
ouvre la séance par une déclaration dans laquelle il souhaite rappeler que, pour
être stable, asseoir son développement et être dynamique, une entreprise a
besoin de 3 pieds. Il cite les clients
et les actionnaires. Et dit que le
deuxième pied, ce sont les collaborateurs.
Et que ceci est vrai pour toute entreprise, mais encore plus pour une
société de services, Simulog, qui vend de l’immatériel, du temps, des
connaissances, des compétences, des prestations. Il ajoute que c’est le travail direct des salariés qui fait vivre
l’entreprise.
Le comité
d’entreprise s’entoure des services d’un cabinet d’expertise comptable et
d’avocats pour l’aider à appréhender la situation, faire demander les
précisions utiles et apprécier la légalité des dispositions envisagées par le
chef d’entreprise. Sur les 13 salariés
concernés, certains ont pu être reclassés en interne, d’autres, bien
commodémment catégorisés « consultants », ont adhéré aux services
d’un cabinet de reclassement externe.
Promis, juré,
c’était fini ! Dixit le
président. Le trépied était en
équilibre parfait. La réorg allait
produire des effets du feu de Dieu !
C’était sans
compter sur la guerre en Irak, nouvel événement tombé à pic. L’élan de Simulog était une nouvelle fois
brisé.
Le comité
d’entreprise, qui a été élu en fin janvier 2003, est convoqué le 28 mars pour
un nouveau projet de réorganisation dans le cadre d’une alliance avec le groupe
Astek, ses conséquences sociales et un nouveau plan de sauvegarde de l’emploi.
Ce mariage est subordonné, entre autres, à une réorganisation de Simulog.
L’alliance est effectivement consommée le 26 juin, Astek est le nouvel
actionnaire de Simulog à hauteur de 91,5%.
Le président peut
donc reconvoquer le comité d’entreprise le 22 juillet sur les livres IV et III.
Quels sont les
objectifs de cette réorganisation ?
Réduction du nombre
d’intercontrats et du taux d’heures hors-projets. Comment ? En
supprimant 12 postes d’opérationnels qui n’auront pas été assez occupés ces 3
derniers mois. Sélection un peu arbitraire
et tout à fait inéquitable. D’autant
plus inéquitable que chaque agence renseigne différemment l’application Gipssi
de suivi des contrats et que les responsables d’agences peuvent modifier les
entrées des opérationnels.
Confrontée à des
problèmes économiques, Simulog supprime des opérationnels qui contribuent au chiffre
d’affaires de l’entreprise. Certes, il
est plus facile, pour le chef d’entreprise, de calculer le montant du manque à
gagner provoqué par l’intercontrat et d’en déduire le nombre d’emplois à
supprimer que de concevoir une stratégie offensive.
En supposant que certains
profils soient plus difficiles à caser que d’autres, pourquoi Simulog doit-elle
attendre le dernier moment pour constater ceci ? N’est-il pas demandé au chef d’entreprise d’anticiper, de mettre
en œuvre une gestion prévisionnelle de l’emploi ? De concevoir et de mener à bien une
politique efficace de formation ?
Le comité d’entreprise a d’ailleurs donné, ces dernières années, un avis
négatif sur les plans et les bilans de formation.
Réduction des charges de
Simulog SA. Comment ? En détruisant les emplois de fonctionnels dont le poste de
direction opérationnelle de l’agence de Guyancourt, en déménageant l’agence de
Guyancourt dans les locaux d’Astek à Boulogne (le chef d’entreprise est persuadé
qu’il va pouvoir relouer les espaces bureaux alors que Guyancourt regorge du
bureaux à louer), en transférant le siège social à Sophia Antipolis, en mutant
2 informaticiens, Sophia, en passant à
demi-temps plusieurs salariées.
En 2001, et sans doute également
en 2002, Simulog a servi des primes extrêmement avantageuses à une oligarchie
qui, pour plusieurs de ses membres, est partie voir si l’herbe n’était pas
encore plus verte du côté d’une ex-filiale de Simulog (Esterel Technologies) ou
d’Astek. Le chef d’entreprise aurait
peut-être dû utiliser une partie de cet argent pour réduire les charges de
l’entreprise et adapter les emplois.
Adaptation de l’organisation
à l’évolution à la baisse de l’activité produits. Comment ? En supprimant
le poste d’ingénieur support et en passant à temps partiel le poste
d’assistante commerciale. Le chef
d’entreprise n’aurait-il pas pu envisager que les produits édités par Simulog
et sur lesquels la maintenance était minimale allaient mourir ? Ne pouvait-il pas, dès qu’il a décidé de ne
plus développer et maintenir des produits, accompagner les salariés concernés
pour faire évoluer leur mission ?
C’était sans doute trop difficile ; la suppression de poste est un
remède beaucoup plus simple.
Optimisation de
l’organisation de Simulog en tenant compte des synergies commerciales créées
par l’alliance. Comment ? En demandant à deux responsables d’agence de
travailler pour Simulog et pour Astek.
Auront-ils encore assez de temps à consacrer à leurs équipes ? Et à eux-mêmes ? En supprimant le poste d’une secrétaire
d’agence et d’un directeur opérationnel.
Le chef
d’entreprise est convaincu qu’il est essentiel que Simulog s’adosse à un groupe
plus important pour, paraît-il, atteindre la taille critique, et pouvoir
bénéficier des référencements des services achats des donneurs d’ordres que
ceux-ci dispenseraient au compte-gouttes.
Pourquoi pas ? S’il
n’existe plus d’autre solution, parce que l’entreprise n’a pas su
commercialiser à leur juste prix le talent de ses salariés, parce qu’elle n’a
pas su gérer adéquatement les ressources humaines et les méthodes de travail,
doit-elle pour autant oublier sa responsabilité envers ses salariés ?
Pour récapituler, Simulog
supprime une vingtaine de postes, mute 3 postes, et passe à mi-temps 3
personnes. Plus de 13% du personnel est
affecté d’une manière ou d’une autre.
Le PSE du 22 juillet est sensiblement différent de celui qui a été présenté le 28 mars ; les postes supprimés, mutés ou passés à mi-temps, ne sont pas les mêmes. Des postes d’ingénieurs sont supprimés, un poste de chef de projet également. Pour moi, le chef de projet est un ingénieur comme les autres et ne doit pas être isolé. Plusieurs postes, devenus vacants, devraient être inclus dans le périmètre du PSE. Quant au passage à mi-temps, ce sont naturellement des femmes qui supportent ce tribut.
Les critères utilisés pour l’ordre de
licenciement ne sont pas tous objectifs.
Celui qui concerne la qualité professionnelle est le résultat de la note de l’entretien individuel de fin d’année. Outre le procès inhérent à la personne qui pourrait être fait à certains en utilisant ce critère, les salariés qui n’ont pas passé l’entretien individuel se voient attribuer la note de 3 sur 4. Ils auraient pu, s’ils avaient passé l’entretien, obtenir la note maximale. Les opérationnels se voient, en plus, attribuer le critère d’occupation facturée, critère tout à fait discriminatoire. Il n’appartient pas à l’opérationnel d’exercer une mission commerciale et de se trouver du boulot ; il lui appartient de réaliser les missions techniques qui lui sont confiées et pour lesquelles il est profilé. Quand on regarde la population opérationnelle visée, il est évident que le critère de l’occupation facturée est déterminant ; en effet, mes collègues sont plutôt jeunes, n’ont pas de tribu à charge, ont une ancienneté relative, pas de handicap. Mais s’ils sont en intercontrat, ils risquent de perdre leur boulot.
Nous demandons au chef d’entreprise
d’assumer sa responsabilité vis à vis des salariés en :
N’exerçant pas de discrimination sur les critères
d’appréciation des suppressions de postes comme le taux d’occupation des
opérationnels.
Acceptant de prendre en compte le volontariat, même
si je considère que c’est un pis aller.
Reclassant de manière dynamique les opérationnels
dont le poste serait supprimé, sans perte de salaire et en leur proposant des
postes adéquats et des conditions qui leur permettent de pouvoir se développer
dans leur vie personnelle (pas de mission longue à l’autre bout de la France).
Ne défavorisant pas certains fonctionnels en les
passant à mi-temps. Il doit les
reclasser à temps plein avec garantie du salaire. Les femmes ne sont pas des citoyennes de seconde zone.
En accordant des formations aux salariés qui leur
permettraient de se reclasser efficacement.
En limitant la casse des fonctionnels.
« C’est le travail direct des salariés qui fait
vivre l’entreprise », malgré cette belle parole du président du CE de
l’époque, ceci n’avait pas empêché Simulog de procéder à un écrémage. Qu’en sera-t-il de ce plan-ci ?
Simulog aura 20 ans en 2004. Soufflera-t-elle ses bougies ?
Fabienne
Dravers, Déléguée Syndicale (fabienne.dravers@tiscali.fr)
(mise à jour
04/08/2003)
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